

1. Une politique
d'indépendance nationale.
L'affirmation d'un Etat sur la scène internationale
passe par une politique de puissance; mais en 1945 et encore plus en 1958
- avec la décolonisation et la perte progressive de son empire
colonial - la France n'est plus qu'une puissance moyenne. Pourtant l'ambition
des présidents de la Vème République est qu'elle
continue à jouer un rôle mondial, ce qui, pour une puissance
devenue "moyenne", constitue "l'exception française".
Quelle est la particularité de la politique extérieure
de la France dans un monde dominé par les superpuissances ? Comment
le général De Gaulle met-il en place des orientations qui
durent encore après son retrait de la vie politique en 1969 ? Comment
ses successeurs l'ont-ils poursuivie ou infléchie ?
I. De Gaulle pose
les bases d'une politique ambitieuse.
1. Se dégager du "fardeau colonial"
- Les guerres coloniales menées par
la France pour reconquérir l'Indochine (1946-1954), puis
pour conserver l'Algérie (1954-1962) ternissent son image
et minent sa crédibilité internationale. La France
est condamnée par ses alliés, à l'ONU.
De Gaulle qui souhaite avoir les mains libres pour mener une
politique étrangère qui convienne au "rang"
de la France, en tire rapidement les enseignements. "Plutôt
que de le laisser verser son sang, perdre son argent, déchirer
son unité, en s'accrochant à une domination coloniale
périmée et injustifiable, j'ai voulu remplacer
l’ancien empire par l'association amicale et pratique
des peuples qui en dépendaient."
Il se prononce dès 1959 pour l'autodétermination
en Algérie et entame des négociations avec le
FLN qui aboutissent aux accords d'Evian (mars 62) et à
l'indépendance de l'Algérie.
- La tentative de construire une Communauté
avec les territoires de l'outre-mer français est éphémère
et dès 1960, De Gaulle en tire les conséquences
: le mouvement vers l'indépendance est irréversible.
En quelques mois, l'ex-AEF, l'ex-AOF et Madagascar accèdent
à l'indépendance. Il entame alors avec ces pays
une politique de coopération
qui vise à maintenir les intérêts français
dans cette partie du monde : soutien au développement
économique et culturel des anciennes colonies par des
prêts, l'envoi de coopérants techniques, d'enseignants...
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2. "Rendre à la France son rang"
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Pour "rendre à la France son
rang" et redevenir une puissance qui compte dans les
affaires du monde, De Gaulle souhaite faire de la France une
puissance nucléaire et la doter d'une
"force de frappe". Les essais de
la bombe A, opérationnelle dès 1960 (la "bombinette"
pour ses adversaires) se poursuivent même après
l'indépendance de l'Algérie dans le désert
du Sahara, puis ceux de la bombe H en Polynésie. Pour
parfaire la mise au point de son arsenal nucléaire,
la France refuse de signer les acords de Moscou de 1963 qui
prévoient l'interdiction des essais nucléaires
dans l'atmosphère. La "force de dissuasion
française" dont l'objectif est de dissuader
l'adversaire éventuel d'attaquer le territoire national
s'appuie sur 3 types de vecteurs :
- les avions Mirage IV,
- les missiles installés au plateau
d'Albion, en Provence,
- et surtout les sous-marins nucléaires.
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3. Refuser les blocs
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Pour affirmer la grandeur de la France, De
Gaulle rejette le leadership américain.
Il mène une politique d'indépendance nationale
et de souveraineté :
- la France est le premier pays occidental à reconnaître
la Chine populaire (1964)
- De Gaulle demande le
retrait de la France du commandement intégré
de l'OTAN
et
le départ des bases américaines du sol français
(1966). Cette même année, inquiet de la dévaluation
progressive de la monnaie américaine, il fait convertir
en or les dollars détenus par la Banque de France.
- il critique l'engagement américain au Vietnam
: discours
de Phnom-Penh
au
Cambodge
- il multiplie les voyages :
- en URSS avec laquelle il débute une politique
de coopération scientifique et culturelle
- en Europe de l'Est
- en Amérique latine
- au Québec : "Vive le Québec
libre"
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La politique étrangère de la France. |
Compétences :
Analyse d'un organigramme. |
Durée :
10 mn |
Matériel :
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Bilan de la politique étrangère de
la France vue, en 1962. |
Compétences :
Commentaire de document "type bac". |
Durée :
30 mn |
Matériel :
- |
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II. Après de Gaulle, les constantes de
la politique étrangère.
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Si chaque Président tente d'apposer
sa marque sur la politique étrangère de la France,
"domaine réservé" du
chef de l'Etat, les grands axes gaullistes subsistent et les
constantes dominent.
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Le pilier en est la politique d'indépendance
nationale, appuyé sur une défense nucléaire
de dissuasion :
- J. Chirac relance les essais nucléaires en juin
1995.
- des sous-marins nucléaires sont régulièrement
lancés; les avions Rafale ont succédé
aux Mirage.
- un porte-avions nucléaire, le Charles de Gaulle,
a pris la suite du Clémenceau.

Les relations avec les Etats-Unis ont connu
des hauts et des bas; les gouvernements de Giscard d'Estaing
et Mitterrand sont considérés comme plus atlantistes,
plus proches des thèses américaines (Mitterrand
soutient l'installation des fusées Pershing américaines
en Europe en 1983 dans le contexte de la nouvelle guerre froide
de l'époque, mais condamne l'IDS, puis fait participer
les troupes françaises à la 1ère guerre
du Golfe 1990-91). En 2003, le gouvernement de J.
Chirac s'oppose à l'intervention militaire américaine
en Irak.  La
France privilégie une approche multilatérale,
dans le cadre de l'ONU ou de l'Union Européenne, des
problèmes de la planète.
La politique de coopération avec le Tiers-Monde
se poursuit, surtout vis à vis de l'Afrique, son "pré
carré" où la France est, parfois, accusée
d'ingérence dans les affaires intérieures de ces
Etats et de néocolonialisme. Elle soutient le développement
économique des pays du Sud auxquels elle consacre 0,45
% de son PIB, a encouragé la signature des accords
de Lomé (signés en 1975, puis renouvelés
tous les 5 ans, et remplacés, en 2000, par les accords
de Cotonou) favorisant l'entrée sans taxes douanières
des produits des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).
Dès 1992, elle a supprimé la dette
des PMA et a prêché dans toutes les conférences
internationales (Cancun, G8, CNUCED) pour que les autres pays
industrialisés fassent de même.
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